La journée allait encore être rude aujourd’hui, mais depuis un moment, elles l’étaient toutes. Avec le froid et l’humidité qui se faisait proche, les premiers malades commençaient à se presser aux portes de Saint Mangouste. Pour ma part, je m’occupais surtout des femmes enceintes et des nourrissons, c’était ma spécialité, et ma responsable de secteur disait toujours que j’avais une bonne relation avec mes patients. Je ne sais pas si c’était tout à fait vraie, mais je faisais en tout cas de mon mieux pour sourire et avoir l’air le plus agréable possible, mon mieux pour porter ce masque qui cacher a détresse dans laquelle j’étais depuis l’été dernier. Attendant sagement dans la salle de pose, un thé à la main, j’étais en train de lire le journal assise sur ma chaise quand une voix se fit entendre.

«Salut Sam, comment vas-tu aujourd’hui ? Toujours aussi rayonnante à ce que je vois ! »

Un sourire se dessina automatiquement sur mes lèvres alors que je relevais les yeux vers mon collègue qui vint s’asseoir juste en face de moi. Il était si facile après plusieurs mois de paraître en forme, de mentir au autre sur l’état dans lequel j’étais, excepté pour un point. Il faut dire que mon ventre n’était plus vraiment discret maintenant.

« Je vais bien merci et toi Lucas ? »

Lucas avait toujours été une vraie mère poule avec moi, et pour cause, il était mon meilleur ami. Il adorait me taquiner, c’était son passe temps favoris, mais il savait aussi que j’avais mes limites. On avait été ensemble à Poudlard, et déjà là, il avait connu qu’il ne fallait pas aller à l’encontre de mon « non », ou de mon « stop ». Si on était dans la même maison ? Non, absolument pas, Lucas était à Gryffondor, alors que moi je n’étais qu’une petite Poufsouffle. Certains disaient que j’aurai pu être chez les rouges, mais ma douceur et mon attention envers les autres avaient fait que j’étais devenu jaune poussin. Moi cela ne me dérangeait pas, c’était la même maison où avait été maman quand elle était petite, papa lui n’était pas sorcier donc c’était encore différent, mais lui, il m’avait appris la musique, le violon et le chant… musique que j’avais perdue depuis cet été aussi. Je n’arrivais plus à jouer, même pour le petit ange que j’attendais, même si j’avais envie de m’y remettre parfois.

«Je vais bien aussi je te remercie. Tu ne m’as toujours pas dit quel soir tu venais manger à l’appartement au faite. »
« Tu n’as pas à faire ça Lucas… »
«Bien sure que si… Tu es ma meilleure amie, tu portes mon ou ma filleule, et j’ai toujours promis à Matthew de veiller sur toi en son absence… »

Au nom de Matthew, mon cœur se serra, comme à chaque fois. J’avais beau faire de mon mieux pour montrer que j’étais forte, que je m’en sortais très bien, l’entente de son prénom était toujours aussi douloureux, tout comme son souvenir. On avait tout pour être heureux. On s’était connu à Poudlard, lui était chez Gryffondor comme Lucas. Il avait eu du mal au départ à me séduire, mais à la sortie de l’école, il m’avait demandé en fiançailles, et à la fin de nos études, on s’était marié. Notre vie n’était pas celle de château, mais on était heureux, on avait même acheté un petit appartement à Godric’s Hollow. La vie avait tout pour nous sourire non ? En plus, l’avec ma grossesse, on était les plus heureux du monde, mais voilà, il fallut un instant, un seul petit instant pour que notre vie s’écroule. C’était une journée en pleine avril, il y avait du monde dans Godric’s Hollow, et joyeux, on s’était mêlé aux autres. C'était la fête du village je crois... Mes souvenirs en sont toujours aussi confus que douloureux. Je me rappelais les cris, les explosions… Matthew m’avait poussée pour me protéger, j’étais tombée… et je m’étais réveillée ici même, à Saint Mangouste. C’était Lucas qui était alors à mes cotés, et il dut me rattraper avant que je ne tombe de mon lit quand il m’annonça la mort de Matthew, tué par les mangemorts…

«Tu es sure que ça va bien Sam ? »

Je sursautais à sa voix. Il n’avait pas honte de faire peur à une femme enceinte de cinq mois ?! Un bébé pour Noël… C’était un beau cadeau, mais j’aurai aimé le partager avec son papa… Pourtant, je devais continuer, je n'avais pas le choix, et ça, je l'avais compris quand les parent Potter était arrivé à Saint mangouste peu de temps après moi pour y mourir ensuite...

« Oui ça va, et s’il te fais un verre de jus de citrouille pour te le prouver, je peux tu sais. »
«Non, non, c’est bon j’ai déjà donné merci. »dit-il en rigolant.

C’est vrai qu’il avait déjà donné. C’était une après-midi entre amis, et pour ne pas changer, il avait fallut que Lucas me taquine, et cela devant Matthew. Le pauvre aimait jouer de sa jalousie, si bien que ça avait faillit mal tourner. Il faut dire que les whiskies pur feu qu’ils avaient bu n’avaient pas beaucoup aidé, mais comme a mon habitude, bien qu’étant connu pour être douce, il n’y avait pas des limites à dépassé, et mon verre de jus de citrouille s’était retrouvé sur la chemise et la figure de mon meilleur ami. Autant dire que cela avait été plus efficace qu’une douche froide. En tout cas, l’histoire c’était bien finie, et surtout, on avait bien rigolé. Ce temps semblait si loin quand j’y repensais… Depuis que j’étais seule, je ne sortais plus vraiment. J’habitais toujours notre appartement, mais il avait comme un gout de vide. Heureusement, Dargo était là pour me tenir compagnie… Buvant une dernière gorgée de mon thé, c’est alors que Lucas me posa une question bien inattendue.

«Tu sais Sam, tu pourrais penser au faite de refaire ta vie, tu en as le droit.... »dit-il en rigolant.

A ces mots, un nom me vint à l’esprit, un autre… Lawrence. Qui était-il ? Je l’avais rencontré un soir dans un bar moldu, il n’y a pas si longtemps que ça d’ailleurs. Qu’est ce qui m’avait pris d’accepter de remonter sur scène le temps d’une chanson ? La musique pour moi était finie depuis la mort de Matthew, c’était pour moi comme une évidence. Mais pourtant, j’avais accepté, et j’avais sans doute fait passé bien trop d’émotion refoulée dans cette chanson, si bien que j’avais du ressortir. C’est là qu’il était venu. Je ne savais pas quoi penser de cette soirée, c’était si étrange. Proche de lui, j’avais ressentie des choses que je ne pensais ne plus jamais éprouve, que je n’avais pas le droit d’éprouver. J’avais fini par partir, mais un coup de vent m’avait privée de l’écharpe qui alors ornait mes épaules. Echarpe qui était atterrie à ses pieds. Je ne m’étais pas retournée, a lui laissant et disparaissant avant de complètement défaillir. Non, je ne pouvais pas ressentir ce genre de chose de nouveau, c’était trahir Matthew….

« Ne dis pas de bêtise voyons… Allez vient, c’est leur de prendre notre service. »

La discussion était finie, et il savait que j’étais assez têtue pour refuser de la continuer. Ainsi, posant ma tasse dans l’évier, je respirais une dernière fois avant de prendre ma pochette contenant les dossiers des patients qui m’attendaient.